Le Motif Pur d'une pratique spirituelle

 Cet article est une synthèse d’un enseignement de Hareesh Wallis fait pendant une retraite :

Cet enseignement porte sur le « Motif Pur » qui concerne la raison pour laquelle nous choisissons de suivre une pratique spirituelle. Certaines de nos motivations sont parfois inconscientes ou découlent de certains de nos conditionnements. Mais de telles motivations peuvent être néfastes à la pratique. Ces motivations peuvent être appelées « motifs impurs » au sens de motifs inefficaces et pour clairement les opposer au Motif Pur de la Tradition et nous faire comprendre sa puissance.

Donc un motif impur est inefficace ou insuffisant pour atteindre son objectif. Néanmoins, nous devons reconnaitre que bien souvent nous commençons la pratique du Yoga, ou toute forme de pratique spirituelle, pour un motif impur et si la pratique porte ses fruits, nous devons nous en rendre compte à temps et embrasser le Motif Pur.


Ces motifs impurs sont au nombre de 3 :

1)  Faire du Yoga (ou tout autre pratique spirituelle) pour réparer une image de soi brisée, endommagée ou coupable : si la personne pense que quelque chose ne va pas chez elle et qu’elle compte sur le Yoga pour résoudre son problème, réparer son « moi brisé », ou si elle souffre d’une image d’elle-même issue de ses croyances ou de ses conditionnements personnels (je suis nulle, je suis pas souple, je suis ceci ou cela, je n’arrive pas à me concentrer, je suis toujours stressée), la pratique du Yoga peut faire partie d’un projet «d’auto amélioration » pour faire d’elle, pense t’elle, une meilleure personne. Si notre duo corps/esprit est imparfait il doit être accepté comme tel. Il n’y a rien de mal à travailler pour améliorer ce duo mais si ce travail est basé sur le fait qu’on devrait être différent pour être digne d’amour ou d’acceptation, alors c’est une entrée dans la pratique problématique et inefficace.Selon la tradition, notre nature profonde est déjà parfaite et n’a aucun besoin d’amélioration.


 2)  Pratiquer le Yoga (ou tout autre pratique spirituelle) pour se sentir bien, pour se défoncer et/ou pour atteindre certains états modifiés de conscience est un autre motif impur. Bien sûr, le Yoga aussi bien physique que mental nous fait nous sentir bien et il n’y a rien de mal à se sentir bien. Mais est-ce le motif central de la pratique ? si tel est le cas, selon la Tradition, le but ultime ne sera pas atteint. Pour atteindre l’objectif d’être pleinement éveillé à notre vraie nature (bodha) et libre de tout mensonge et illusion (moksha), nous devons orienter notre pratique vers la vérité et non vers le plaisir ou le bonheur qu’elle procure. Si plaisir et bonheur sont notre objectif, on aura tendance (même inconsciemment) à éviter les aspects de la pratique qui nous rapprochent trop de nos souffrances intérieures ou de nos chagrins. Or, il n’y a aucun moyen de devenir libre et éveillé sans intégrer la totalité de notre être. Saisir le plaisir et éviter la douleur n’est pas un chemin vers l’éveil. Si vous voulez la vérité plus que tout autre chose, vous en ferez l’expérience et la béatitude (ananda) naitra de cette vérité. Mais si vous vous attachez ensuite à la béatitude et que vous la voulez plus que la vérité, le processus recommence….   Si la pratique est motivée par le fait d’atteindre des états modifiés de conscience que l’on imagine « supérieurs » car ils nous permettent de transcender le banal, il y a un risque que la fascination pour ces états nous mène vers la dépendance et donc vers l’esclavage. Notre pratique est pas un chemin pour s’élever au-dessus du reste de l’humanité mais pour devenir véritablement ancré dans le réel, accueillant et aimant Ce qui Est.


3)  Le 3ème motif impur découle du second et se retrouve plutôt chez les enseignants, professeurs de Yoga ou professeurs de pratique spirituelle. Ce motif impur serait de pratiquer pour gagner du pouvoir sur les autres, gagner des amis, influencer les gens, renforcer l’ego en recevant reconnaissance et admiration. Et ce n’est pas le but de la pratique. Une telle influence est agréable ? elle n’est qu’une ombre pâle de la joie et de la félicité qui résulte de la connexion à notre nature profonde.



Quel est donc ce « motif pur » dont parle la tradition ? il est en fait une sorte d’antidote à ces trois motifs impurs dont nous venons de parler, et la raison qu’il nous donne de pratiquer est la garantie de donner suffisamment de pouvoir à notre pratique pour qu’elle porte ses fruits :

Ce Motif Pur,

C’est marcher sur le chemin afin de connaitre la vérité de notre Etre, par amour pour nous et pour le bénéfice de tous les êtres.

C’est marcher sur le chemin pour découvrir notre divinité innée, déjà existante, parce que c’est le désir pur de notre cœur et offrir le fruit de cette découverte à tous les êtres.

C’est marcher sur ce chemin avec respect et amour.


Ces trois formulations correspondent à un motif unique mais difficile à mettre en peu de mots et il est bon de méditer sur ces phrases pour voir de quelle façon elles constituent un antidote aux trois motifs impurs.

La pratique spirituelle ne peut être pleinement efficace qu'avec le Motif Pur. Nous commençons tous notre pratique avec un ou plusieurs des motifs impurs. C’est pourquoi il est traditionnel de commencer chaque pratique par la prière: «Que je puisse pratiquer avec le Motif Pur». Si vous ne l’avez pas, ne prétendez pas l’avoir. Demandez-le simplement et humblement, priez pour cela, attendez le doux nectar de le ressentir de façon authentique. Et cela viendra. Quand ce sera le cas, toutes les pratiques spirituelles augmenteront soudainement à un degré qui vous surprendra car Il n'y a tout simplement pas de moment dans la vie spirituelle plus puissant que l’atteinte de ce Motif Pur.

Remarque : Ceux qui connaissent le Bouddhisme tantrique reconnaîtront qu'atteindre le Motif Pur équivaut à générer la bodhicitta , un esprit déterminé à s'éveiller pour le bien. »

(synthèse d’un article de Hareesh Wallis, Tantrika Institute)


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