L'image ci-dessous représente la roue du Samsara, également appelée roue de vie ou roue de l’existence karmique.
Au centre de la roue, se trouvent les trois poisons qui sont des dispositions négatives, des pulsions fondamentales qui troublent l’esprit. Ce sont le désir/attachement, la haine/colère et l’ignorance. De ces trois pulsions naissent respectivement l’avarice, la jalousie et l’orgueil, résultat de l’égo. Ces trois poisons sont représentés au centre de la roue par un porc, un coq et un serpent.
Dans un premier cercle interne, les personnages dans diverses attitudes représentent le karma par une succession d'états bons ou moins bons entre lesquels les êtres circulent en fonction de leurs actes.
Le deuxième cercle est divisé en six domaines d'existence , qui peuvent eux-mêmes être distribués entre trois mondes : Arūpaloka (monde des dieux), Rūpaloka (monde des demi-dieux) et Kāmaloka (monde des hommes, des animaux, des êtres avides et des êtres infernaux).
Le contour de la roue représente les douze liens interdépendants (coproduction conditionnée) maintenant l'homme dans le samsara : l'ignorance initiale, la formation karmique, la conscience, le nom et la forme, la base de connaissances, le contact, la sensation, la soif, la saisie, le devenir (bhava), la naissance, la vieillesse et la mort.
Est généralement représenté à l'extérieur de la roue un Bouddha sorti du samsara, qui pointe du doigt une roue à huit rayons symbolisant le noble sentier octuple.
Cette roue, attribuée à une vision de Mogallana, est un symbole d'origine indienne souvent représenté dans les thangkas.
Les six royaumes sont vus sous deux aspects :
- Le Samsara est le cycle des existences qui se succèdent, conditionné par le karma qui correspond pour résumer aux conséquences de nos actes. Ces actes que nous faisons ont des conséquences positives ou négatives sur nous et sur les autres êtres. En fonction du karma global qui se dégage de notre vie, nous renaissons dans l’un ou l’autre de ces 6 mondes jusqu’à ce que les karmas ssoient épuisés
- Ces six mondes sont les différents aspects de nos émotions, nous sommes susceptibles de les expérimenter tout au long de notre vie et même au cours de notre vie quotidienne, selon les moments et les évènements que nous vivons. C’est sur cet aspect là que nous allons déposer notre attention.
La psychologie des 6 royaumes :
Les six segments du troisième cercle représentent six états d'esprit dont nous pouvons faire l'expérience ici et maintenant, durant notre présente existence humaine. Parfois, nous faisons si fort l'expérience de ces états d'esprit que pour un moment nous semblons vraiment vivre dans un autre monde : au ciel, ou en enfer, ou parmi les esprits affamés, etc. En d'autres termes, nous en faisons presque l'expérience en tant qu'état d'être plutôt qu'en tant qu'état d'esprit. Regardons donc chacun de ces mondes sous cette lumière : en tant qu'états d'être ou d'esprit, plutôt qu'en tant que mondes d'existence.
Tout d'abord, le monde des dieux. Le monde des dieux représente un état d'esprit heureux, plaisant, un état de relaxation, de contentement, de repos. C'est un état dans lequel tout se passe très bien, un état dans lequel il n'y a ni obstacle, ni difficulté, ni problème. C'est aussi un état d'expérience esthétique. C'est même l'état de méditation, dans le sens limité du terme (la méditation en tant qu'expérience d'états de conscience élevés, mais ne donnant pas d'accès direct au transcendant).
Deuxièmement, le monde des asuras, ou titans. C'est un état d'esprit agressif, compétitif. Il y a là beaucoup d'énergie, peut-être trop d'énergie, entièrement tournée vers l'extérieur. Il y a de l'agitation, de la suspicion, de la jalousie. Dans la roue de la vie, les asuras sont représentés en lutte contre les dieux pour la possession de l'arbre-qui-exauce-les-souhaits. Cet état d'esprit est donc celui qui court sans fin après la richesse matérielle, qui court, si l'on peut dire, après un niveau de vie toujours plus élevé, après un salaire toujours plus élevé, et ainsi de suite. C'est un état d'égoïsme sûr de soi : on veut toujours être meilleur que les autres, ou d'une façon ou d'une autre être supérieur aux autres. C'est un état dans lequel on veut même contrôler les autres, exercer un pouvoir sur les autres, les dominer.
Troisièmement, le monde des pretas, ou esprits affamés. C'est l'état de désir névrotique. Le désir est névrotique lorsqu'il attend d'un objet soit plus que ce que par sa nature l'objet peut apporter, soit, même, quelque chose de très différent de ce que l'objet peut apporter. Prenons l'exemple du désir névrotique de nourriture. Les gens, parfois, avalent de grandes quantités de nourriture, généralement sucrée. Très souvent, ce n'est pas réellement de la nourriture qu'ils veulent. Ils veulent quelque chose d'autre. La nourriture, dans ce cas, est un substitut pour quelque chose d'autre. Les psychologues nous disent que les gens qui consomment sans nécessité de grandes quantités de nourriture pour des raisons psychologiques ont en réalité besoin d'affection. Le désir névrotique est très souvent présent dans les relations personnelles, et en particulier dans les relations personnelles les plus intimes. Dans quelques cas, il y est tellement présent que la relation ressemble à celle d'un esprit affamé essayant d'en dévorer un autre.
Quatrièmement, le monde des êtres tourmentés, des êtres en enfer. C'est l'état de souffrance mentale aiguë, de frustration nerveuse, de dépression nerveuse. De façon ultime c'est même l'état de folie. Cet état d'esprit naît de diverses manières. Il peut, par exemple, être causé par une frustration longue et continue d'impulsions humaines naturelles, ou par un deuil soudain et inattendu, ou par des conflits mentaux inconscients. Quelle qu'en soit la cause particulière, il aboutit à un état de souffrance mentale intense. C'est l'état représenté par les êtres en enfer.
Cinquièmement, le monde des animaux. C'est l'état de complaisance dans des purs plaisirs des sens. Dans cet état, on n'est intéressé que par la nourriture, le sexe et le simple confort matériel. Quand nos propres désirs pour ces choses sont satisfaits, on est assez gentil, assez docile même, mais quand ils sont frustrés on devient dangereux, comme un animal sauvage.
Sixièmement, le monde des hommes. C'est l'état de conscience spécifiquement humain. Cet état de conscience n'est ni extatique ni tourmenté, ni férocement compétitif ni bêtement sensuel, ni non plus plein de désir névrotique. Dans cet état nous sommes conscient de nous-même et des autres. Dans cet état nous satisfaisons de façon raisonnable les besoins objectifs humains, tout en sachant qu'ils ont leurs limitations. Dans cet état nous nous vouons au développement spirituel. C'est l'état véritablement humain, mais c'est un état dont la plupart des « êtres humains » ne font l'expérience que de façon intermittente, si tant est qu'ils la fassent jamais.
Si nous voulions résumer ceci d'une manière quelque peu épigrammatique, nous pourrions dire que le monde des dieux est égal au monde de l'appréciation esthétique élevée (qu'elle soit atteinte par les arts ou par la méditation), que le monde des titans est égal au monde de la politique, des affaires et du syndicalisme, que le monde des êtres affamés est égal au monde de la romance ou des relations personnelles symbiotiques, que le monde des êtres tourmentés est égal au monde de la maladie mentale, et que le monde des hommes est égal au monde des êtres humains véritables, menant une vie véritablement humaine.
On voit bien en lisant ces descriptions, que deux mondes sont mieux que les autres : le monde des hommes et le monde des dieux. Et le souhait est bien sur que notre journée ou notre vie soit le plus possible conduite en liaison ave ces deux mondes. Le souhait est aussi de trouver en nous les comportement, les impulsions qui se rattachent aux autres mondes, d’en prendre conscience et de « recalibrer » nos comportements d’une façon plus en harmonie avec le monde des dieux et le monde des hommes selon ces définitions. Une introspection nous permet de nous situer dans ces aspects.
